Un petit détour par les jardins japonais
Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de jardins japonais. Je n’en suis pas une spécialiste, loin s’en faut, mais j’ai appris, jeudi, à leur propos, quelque chose qui m’a vivement intéressée.
Votre ombre, vous la voulez avec ou sans lumière ?
Dans l’art du jardin au Japon le feuillage tient un rôle particulier. Non seulement il est là pour orner, mais il est aussi là pour laisser passer la lumière. Et pour que cette lumière puisse passer, le jardinier va éclaircir le feuillage, en enlevant, de façon très mesurée, telle ou telle feuille, telle ou telle aiguille.
Ce n’est pas le fait qu’il y ait beaucoup de feuilles, d’aiguilles, de fleurs qui donne sa beauté et sa valeur à l’arbre, au buisson. Ce qui lui donne sa valeur, ce qui le rend beau, c’est sa capacité à laisser passer la lumière grâce à un éclaircissement minutieux.
Patience et longueur de temps
Autant vous dire qu’un tel éclaircissement ne peut se faire qu’à la main, dans une patience, une attention et une présence tout à fait particulières et sans doute incroyables pour beaucoup d’occidentaux ! La « leçon » de cet art s’offre à moi en trois points :
- Pour que la lumière passe, tout ne doit pas être gardé.
- Mais pour ôter ce qui doit être ôté, il ne s’agit pas d’un massacre à la tronçonneuse, d’une suppression drastique.
- C’est dans le jeu patient de l’ombre et de la lumière, de l’avoir et de la perte que se joue cet art.
Vous l’aurez deviné, vous qui me lisez assez souvent pour commencer à me connaître : cet art-là me renvoie à la vie, à ma vie, à nos vies !
Eclaircir pour laisser apparaître lumière et beauté
Eclaircir pour laisser passer la lumière. Eclaircir avec art, avec patience, attention et présence, nos possessions, nos actions, nos propositions, nos occupations. Mais aussi éclaircir nos chagrins, notre peine, quand un deuil, une séparation, un échec, une mutation de la vie vient nous confronter à ce que nous perdons.
Car assurément, l’éclaircissement du feuillage des jardins japonais parle de perte, de deuil. Mais dans une sorte de douceur artistique qui utilise la perte comme une possibilité de plus de lumière. Pas si simple, et pourtant ! La beauté se trouve dans la capacité à laisser passer la lumière. Laisser passer la lumière en enlevant les aiguilles une à une.