Ça vous dirait de dormir toute la nuit ?
L’inquiétude m’empêche de dormir …
J’imagine que vous êtes plusieurs à partager avec moi l’expérience de moments de « blancs» pendant la nuit. Nous nous réveillons et là, quelque chose se met en place qui nous empêche de nous rendormir. Souvent, ce quelque chose est une forme d’inquiétude.
C’est ainsi qu’il n’y a pas longtemps, pendant la nuit de passage entre octobre et novembre, je me suis mise à penser à tout ce que j’avais à faire d’ici Noël … et je peux vous dire que ça ne m’a pas aidée à me rendormir !
Il me semble que cette inquiétude nocturne (qui peut aussi prendre sa place dans la journée !), est une façon de quitter le présent et de se projeter dans le futur. Il existe bien sûr une façon dynamisante et joyeuse de se projeter dans le temps, c’est-à-dire de faire des projets. La projection dont je parle ici est d’un autre ordre. Elle s’apparente à celle qu’on peut faire sur une autre personne, ou sur un contexte ou un environnement, quand on leur prête nos pensées, nos sentiments, nos émotions.
… quand ma tête prend seule les commandes
Dans cette projection là, on envoie sur quelque chose (le temps ou l’environnement) ou sur quelqu’un des mouvements intérieurs qui nous habitent et qui, en général, viennent plutôt de notre mental. Car c’est une caractéristique du mental non relié au corps, du mental en total autonomie, de se projeter à l’extérieur de lui et de créer de l’inquiétude. Quand je projette ainsi, ce n’est plus le temps, l’environnement ou l’autre humain qui existe et qui se tient en partenariat et en relation avec moi, ce n’est qu’une image de moi qui se regarde elle-même et qui s’inquiète.
L’environnement, le temps et l’autre humain (en général !) ne m’en veulent pas. Le mois de novembre qui commence n’a pas décidé d’aller à toute vitesse et de me jeter en tourbillonnant vers Noël. C’est dans ma tête que ça se passe. Quand je la laisse être aux commandes toute seule.
Passer des nuits sans blancs !
Si je « m’accorde », c’est à dire si je permets à toutes mes sphères d’être vivant de prendre leur juste place, si en particulier je reviens dans mon corps et dans ses sensations et que je leur accorde largement autant d’importance, si ce n’est plus, qu’à ma tête (à laquelle je dis parfois une petite phrase qui m’aide bien : « Tu te racontes des histoires ! », alors je peux déguster chaque instant l’un après l’autre – quelle que soit la teneur de cet instant, triste ou joyeux, plein ou vide. Je peux ne plus projeter mes cogitations mentales sur l’extérieur. Et je peux dormir sans blanc !