Le petit pingouin ou le risque de la sur-adaptation

Faites-vous partie des gens sur-adaptés ?

 

Une stabilité pas forcément reposante

J’ai rythmé la fin de ma dernière lettre de nouvelles par un « stop au sérieux, au devoir, à la fatigue » face auquel j’invitais à cultiver le goût de vivre. Une lectrice m’a écrit pour me faire part de son étonnement. En effet, le sérieux, c’est important, tout particulièrement sur le plan professionnel. Et tout particulièrement quand le métier consiste à accompagner des gens dans le domaine de l’intime.

Cette réaction, tout à fait juste, met en évidence le fait que le mot sérieux a plusieurs sens et m’invite à préciser ma pensée.  Le mot sérieux dont je parle forme un trépied avec devoir et fatigue.

Ce «  trépied » accompagne l’existence de celles et ceux pour qui tout dans la vie prend un tour de trop : trop de sérieux, trop de devoir, trop de responsabilité, trop de « faire plaisir et répondre aux attentes des autres ». Tout alors dans la vie devient grave et conduit à une profonde fatigue. Le trépied est stable, certes, mais peu reposant !

Quand je m’éloigne de moi pour répondre aux attentes

On remet à plus tard ce qui est essentiel pour nous et on s’engouffre tête baissée dans ce qui nous semble important (sérieux) mais qui est surtout urgent et qui répond à ce qu’on croit être les attentes des autres et de la société. Ce sérieux-là est le résultat de la sur-adaptation aux autres et à l’environnement. Par exemple on va passer beaucoup de temps à faire les courses, préparer le repas et faire le ménage pour recevoir des amis, non pas dans la légèreté et le plaisir mais dans le devoir et la gravité et quand les amis seront là on sera tellement fatigué qu’on ne profitera pas de leur présence … Ce sérieux-là conduit à un éloignement de soi, de ses besoins, de ce qui compte vraiment pour soi. Le psychologue québécois Denis Doucet en parle avec humour dans son livre, le principe du petit pingouin.

Transformer son centre de gravité

C’est à ça que je propose de mettre des limites en disant « stop » et en invitant à retrouver une vie qui a du goût. Pour moi, dire « stop » c’est arrêter de se laisser envahir par une forme  d’esclavage et prendre de la distance. Dire « stop » c’est retrouver un autre centre de « gravité » (tiens, ce mot là aussi a plusieurs sens !!) : un centre qui part de soi, de ses besoins, de son essentiel et qui permet un rayonnement vers les autres. Ce n’est plus la gravité qui pèse et fatigue, c’est la gravité qui enracine. Et parfois, on a besoin de soutien pour arriver à dire stop.

On peut trouver ce soutien dans un accompagnement individuel.

On peut aussi le trouver, en expérimentant une nouvelle façon d’être en relation dans un atelier collectif comme le « chant de l’instant ».

Et vous, comment vous sentez-vous par rapport à ce tryptique « sérieux, devoir, fatigue » ? Ça vous dirait de vous en sortir ? Comment ça serait de dire « stop » à lenvahisseur pour pouvoir dire « oui » à une vie qui a du goût ?