Après les petits sachets d’une compagnie aérienne dont je vous ai parlé il y a quelques semaines, voici, aussi rapportée des vacances, une création artistique savoureuse : les voyages forment la jeunesse, certes. Ils nous invitent aussi au décalage et nous offrent un autre regard sur ce qui nous semble tellement sérieux et important vu de chez nous !

Dans un lieu où même le roi va seul …

Cette année, la Norvège célèbre le 200 ème anniversaire de sa constitution. A cette occasion, à la demande du gouvernement, l’artiste Lars Ramberg a installé devant le Parlement d’Oslo trois sanisettes bien particulières : une bleue portant le mot liberté, une blanche portant égalité et une rouge portant fraternité. A l’intérieur, confortablement installé sur le «trône», on peut écouter des discours de personnalités politiques  (dont Charles de Gaulle et Franklin Roosevelt) et les hymnes nationaux américain, français et norvégien.

… un hymne à la démocratie …

Rappel des drapeaux français et américain qui, comme le drapeau norvégien sont faits de bleu, de blanc et de rouge, ces toilettes manifestent que la Constitution norvégienne s’inspire des constitutions française et américaine.  Leur créateur y voit même une « nouvelle Statue de la Liberté« .

Plein d’humour il explique ainsi sa démarche : « Liberté (le nom du projet) est un concept développé en suivant l’exemple des Français qui ont fourni les institutions les plus prestigieuses et les moins prestigieuses de la société moderne : la Constitution démocratique et l’invention des toilettes publiques« .

… et un humour qui soulage

A l’heure où la démocratie a, dans bien des endroits, du sable dans les rouages, ces toilettes nous rappellent qu’il est quelque chose de fondamental que nous partageons tous : le besoin de nous soulager. Que cette satisfaction puisse prendre place dans l’espace public et nous rappeler ainsi que là se trouve une affirmation de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, c’est, sous forme humoristique, une affirmation politique forte et une belle proclamation d’humanité.

Se souvenir, parfois, que face à la satisfaction de nos «besoins» (comme aussi face à la mort) nous sommes tous égaux, voici qui devrait nous permettre de stopper de temps en temps la course au toujours plus, à la compétition et au trop sérieux, pour nous ouvrir à l’humour d’un sourire fraternel et libre … qui nous soulage !