Il y a silence … et silence

Je ne sais pas si c’est la même chose pour vous, mais pour moi, la neige de la semaine dernière m’a fait goûter une certaine qualité de silence. Un silence ouaté qui donne l’impression d’être dans une pièce capitonnée où les rares sons extérieurs qui y parviennent sont comme assourdis. C’est un silence reposant. A un bémol près ! C’est que le silence extérieur, celui qui nous protège de la pollution sonore, nous met face à face avec notre bruit intérieur !

Ecoutez votre intérieur !

2013-04-19 21.32.47

Prenez 5 minutes en tête à tête avec vous-même, fermez la porte et la fenêtre, arrêtez toutes les  sources possibles de bruit extérieur (téléphone, télé, radio, musique etc…) et faites silence. Ecoutez … écoutez ce qui vient dans le silence : toutes les idées qui vous passent par la tête, toutes les choses à ne pas oublier, tous les ressentiments, tous les jugements. Ecoutez tous les petits disques qui passent en vous, sans cesse, que d’habitude vous n’entendez pas, mais que le silence révèle. Pas si simple que ça finalement d’être en silence.

Un charivari intérieur plus fort que les soldats d’élite

Dans un livre très intéressant (Nourrir ses démons, aux Editions du Jour), Tsultrim Allione raconte qu’un corps d’élite de l’armée américaine avait été amené, dans le cadre de son entraînement, à passer 10 jours dans un centre de méditation bouddhiste pour y faire une retraite silencieuse. Les membres du groupe n’avaient rien d’autre à faire, du matin au soir, qu’à concentrer leur attention sur leur respiration et à y revenir chaque fois qu’ils éprouvaient une émotion. Ils étaient bien nourris et vivaient dans un lieu beau et confortable.

A la fin de la session un de ces soldats rompus aux combats et aux situations les plus périlleuses a déclaré : « Cela a été la chose la plus difficile qu’on m’ait demandé de faire. Mon esprit ne voulait pas se taire. Quel cauchemar ! ».

Qui contrôle qui ?

Cet exemple montre bien que, comme humains, même si nous sommes disciplinés et que nous avons un grand « contrôle » sur nous, sur notre vie, sur les situations, nous ne contrôlons pas ce qui se passe dans notre esprit. Au contraire, c’est plutôt nos pensées qui nous contrôlent.

Et c’est très intéressant de nous en rendre compte, tout simplement parce que cette prise de conscience nous permet de voir que souvent nous sommes dirigés par nos pensées alors que nous croyons être maître de nos choix et de nos actions.

Et si, à côté de notre esprit, nous laissions une place à notre corps ?

Nuages

Il semblerait que la seule voie pour, petit à petit laisser les pensées à leur juste place, – c’est à dire les laisser passer sans s’y arrêter, comme les nuages passent dans le ciel et s’en vont, poussés par le vent -, soit de revenir dans la conscience et la présence de notre corps.

C’est pour cela que la méditation invite à constamment être branché sur la respiration. C’est aussi pour cela qu’une certaine façon de créer, – une façon qui s’ouvre au ressenti corporel qui s’offre à nous quand nous sommes d’accord pour nous laisser entraîner par le processus plutôt que par la recherche du résultat -, nous permet aussi de laisser filer s’en s’arrêter sur elles les pensées qui nous traversent. Dessiner, peindre, modeler, coller, danser ou chanter dans cette intention-là offre une formidable présence à soi qui calme le bruit intérieur.

Quel bruit ou quel silence choisissons-nous d’héberger ?

Soyez attentifs, au cours de la journée, au nombre de fois où vos bruits intérieurs ont envie de prendre de la place et d’envahir votre silence intérieur.

Certes, le bruit extérieur peut être fatigant et dérangeant … mais l’est-il autant que notre bruit intérieur ?