Moi je suis unique, je suis fantastique
Ce sont les autres uniques qui me rendent uniques
Connaissez-vous cette petite chanson qui dit « Moi je suis unique, je suis fantastique, il n’y a que moi comme moi, toi tu es unique, tu es fantastique, il n’y a que toi comme toi. » ?
Il y a quelque temps j’ai pris conscience dans mon corps de ce qu’elle dit de fondamental : je ne suis unique que dans la mesure où il y a d’autres uniques.
Ou, pour le dire autrement, ce qui fait que je suis unique, telle que je suis, c’est la présence d’autres uniques, tels qu’ils sont.
Un petit goût amer
Or je me rends compte que cette question de l’unique que je suis traine en moi depuis bien longtemps avec un goût bien différent.
Je suis prête à parier que je ne suis pas la seule à m’être sentie en compétition dès mon plus jeune âge, au sein de ma fratrie, pour la reconnaissance, la présence et l’amour de mes parents !
Et je suis encore prête à parier que je ne suis pas la seule pour laquelle l’empreinte de cette première concurrence pour une place unique a déteint sur pas mal de situations de ma vie d’adulte. Dans l’amitié, le travail, les activités bénévoles, les activités artistiques etc.
Et je suis toujours prête à parier que pour vous, comme pour moi, si parfois cela a pu être une émulation, cela a souvent eu un goût amer, une sensation désagréable.
Cela a souvent ressemblé à un combat parfois ouvert, frontal, parfois intime, larvé, tu, honteux.
Fichue question de ma place qui semble si souvent dérangée par la place qu’occupent les autres !
Une chanson comme une révélation !
Mais voilà que tout à coup, grâce à cette petite chanson, je comprends ! Ce qui a donné corps à mon malaise, depuis le moment où je n’ai plus été seule dans la vie de mes parents, c’est l’aspiration non pas à être unique mais à être l’unique.
Ce petit l’ fait toute la différence. Je ne peux être l’unique qu’à l’exclusion de tous les autres. D’où le sentiment sous-jacent de honte dans ma quête de ma place unique. Si je crois que pour être unique je dois être la seule, il me faut donc éliminer tous les autres !
Alors que pour être simplement unique (sans article défini) j’ai besoin d’autres uniques : c’est parce que les autres sont uniques que je me révèle moi aussi unique.
Occuper ma place, toute ma place, seulement ma place
Ce qui veut dire que je ne peux pleinement occuper que ma place. Vouloir être à la place d’un ou d’une autre, ce n’est tout simplement pas possible puisque cette place est la sienne.
J’avais parlé dans ma lettre de septembre des livres que je donnais ou vendais après les avoir gommés. Et des petites phrases qui me restaient de certains d’entre eux.
Du livre Le moi-peau de Didier Anzieu, j’ai gardé celle-ci : « Toute figure suppose un fond sur lequel elle apparaît comme figure ». C’est exactement cela : pour que ma figure unique émerge, il lui faut le fond d’autres uniques. Dans l’infinie solitude de l’unique, aucune figure ne peut émerger !
Une sensation de détente
Mon système nerveux n’est plus en danger ! Il n’a plus besoin ni de fuir ou de combattre, ni de s’immobiliser ! Mon nerf vague peut se co-réguler dans une relation saine et soutenante. Il est activé du côté du bien-être et de la coopération !
Je ne sais pas pour vous mais, pour moi, cette compréhension, encore toute neuve, a été un immense soulagement : j’ai comme l’impression que ça va m’apporter de l’apaisement et, qui sait, la possibilité fluide, spontanée, joyeuse et libérée d’oser vraiment être fantastique comme le dit la chanson !
Une occasion de se découvrir unique avec d’autres uniques ? Une occasion de se co-réguler et d’apprendre à s’auto-régulier pour s’oser dans sa propre place, avec sa propre voix ?
Le stage Chanter de tout mon corps des 2 et 3 décembre 2023.