Premier jour de dé-confinement #1
Et voilà, c’est arrivé …
Huit semaines sont passées. A la fois rapidement et lentement. Le temps a pris son temps. Le sien. Pas le mien. Et, dans mon expérience à moi, c’était bien. Et je me rends compte que je cours le risque de retomber dans « mon » temps.
Déjà je calcule. Déjà je redeviens chiche, pingre … Déjà je me mets à compter mon temps, à le thésauriser, alors qu’il s’est donné à moi pendant huit semaines avec tant de générosité !
Comment habiter mon temps dé-confiné ?
Comment habiter mes jours, dès à présent, mes jours dé-confinés, sans redevenir ni maître ni esclave du temps ? Sans rentrer dans un combat avec lui ? Car je le sais bien : quand je veux le maîtriser, lui se révolte et il m’entraine ! Mais je sais aussi que ce temps qui m’entraine parce que je le combats, ce n’est pas le temps de la vie. C’est le petit temps compté des humains qui manquent de générosité.
Le temps de la vie est vaste, rond, plein, vide, délicieusement changeant au fil des instants, parfois étonnant. Le temps de la vie sait prendre son temps et éclater soudain en foisonnement de bourgeons, de feuilles, de fleurs, de fruits, de piaillements d’oiseaux, de vrombissements d’insectes…
M’installer dans ce temps-là qui m’accueille. Qui m’a accueillie pendant huit semaines et qui n’attend que moi pour continuer la danse. Ce temps-là qui est favorable. Ce « kairos » qui sait passer par toutes les couleurs.
Un temps qui n’est pas relié au faire
Dans ce temps-là, le faire n’a plus sa place. Dans un tel temps, seule l’activité peut s’installer : ou plutôt, l’être du vivant qui se manifeste à travers son activité. C’est le temps de butiner, c’est le temps de germer, c’est le temps de couver, c’est le temps de gronder, de tonner, c’est le temps de vivre…
Remplacer le faire qui a besoin de maîtriser le temps et qui souvent s’essouffle dans une course après le temps, par l’activité juste au bon moment. Celle qui prend sa place là, tout simplement, parce que c’est le temps favorable.
Nouvelle orientation
Je ne sais pas encore comment je vais m’orienter dans cette nouvelle vie qui s’ouvre aujourd’hui pour continuer à savourer le temps qui se donne.
J’espère que les cellules de mon organisme qui, depuis huit semaines, ont expérimenté une autre façon d’être en relation avec le temps, c’est-à-dire avec la vie, vont me soutenir par leurs sensations, leurs impressions, par leur envie de faire corps avec la vie dans toutes ses dimensions, y compris temporelles, pour m’accompagner dans cette nouvelle orientation !