Printemps
Une éclipse, un équinoxe et une grande marée …
Depuis 3 jours le printemps a officiellement fait son entrée dans le calendrier. Un printemps qui s’est installé cette année avec tambours et trompettes pourrait-on dire ! Puisque 12 heures avant l’équinoxe a eu lieu une éclipse totale de soleil (visible partiellement en France) et que le lendemain, liée à tout cela, a eu lieu sur nos côtes la première « marée du siècle » du millénaire, une marée atteignant dans la baie du Mont St Michel un marnage de 14,15 m soit l’équivalent de la hauteur d’un immeuble de 4 étages !
Voilà qui signe un vrai passage, un passage qui allie des contraires : le soleil voilé en plein jour par la lune, la lumière qui ainsi s’assombrit, le jour qui devient comme la nuit. C’est l’éclipse. Un jour égale en longueur à la nuit, une nuit aussi longue que le jour. C’est l’équinoxe. Une lune nouvelle dont la force génératrice de marée vient s’ajouter à celle su soleil. C’est une marée de grande amplitude.
… comme des métaphores qui nous parlent de la vie …
N’étant ni géographe ni océanographe ni météorologue, ce qui m’intrigue, moi, dans ces faits particuliers, c’est leur valeur métaphorique. Je trouve en effet intéressant de voir que les manifestations observables de l’entrée dans le printemps en cette année 2015 parlent toutes de relations entre le jour et la nuit, entre la lumière et l’obscurité, entre le soleil et la lune. Toutes ces manifestations mettent en scène ce que, d’un point de vue de l’humain, on appelle des dualités ou de polarités.
Dans le langage de la psychologie jungienne, on parlera d’ombre et de lumière. Dans le langage de la philosophie chinoise, on parlera de yin et de yang. Dans le langage du philosophe grec Héraclite, on dira que nulle chose ne demeure ce qu’elle est et que tout passe en son contraire. Dans le langage de la peinture, on dira que c’est l’ombre qui permet à la lumière d’exister.
Tout cela rend manifeste le fait que c’est dans l’intégration des polarités contraires qu’existe ce qui EST. C’est dans le mouvement de l’une à l’autre loin de toute fixation dans une position déterminée et rigide que s’exprime le mouvement de la vie.
… et aussi de nos vies …
Et c’est bien à cela que nous invite cette saison étonnante qu’est le printemps, une saison de transition entre le côté caché et obscur de l’hiver et le côté dévoilé et lumineux de l’été : à intégrer toutes ces parts de nous qui peuvent nous sembler opposées. Celles solaires, lumineuses, ouvertes vers l’extérieur. Celles lunaires, sombres, rentrées vers l’intérieur. Celles qui nous parlent de relation avec les autres et celles qui nous parlent d’intériorisation et de relation avec nous même. Celles qui nous renvoient à ce que nous aimons et apprécions de montrer au grand jour et celles qui nous renvoient à ce que nous n’aimons pas et cachons, parfois honteusement.
Le printemps est une période de renaissance : pendant l’hiver, la nature était comme endormie. Pas de feuilles sur les arbres, pas de fleurs dans l’herbe, de la neige ou du givre qui recouvrent tout. On pourrait presque croire que la nature est morte.
… pour nous emmener vers la renaissance du printemps
Mais au printemps les mouvements de la nature redeviennent visibles, sensibles, palpables. Que ce soit la sève qui monte des profondeurs et qui vient nourrir les bourgeons, les fleurs. Que ce soit les oiseaux qui se mettent à chanter dès l’aube. Que ce soit le jour qui reprend le pas sur la nuit … Tout, au printemps, parle de renaissance et de renouveau. Mais pour que cela soit possible il faut que le soleil et la lune, la nuit et le jour, l’ombre et la lumière s’acceptent mutuellement et acceptent aussi de céder, pour un temps, la place à l’autre.
Et si ces mouvements du printemps nous invitaient, nous humains, à accueillir nos contrastes, nos contraires, nos dualités, pour pouvoir cueillir les premières fleurs de notre renaissance intérieure d’après l’hiver ?