Qu’est-ce qui me fait exister ?
Pour quoi je vis ?
A une personne qui m’interrogeait récemment sur la plus grande difficulté du métier d’art-thérapeute, j’ai répondu : la tentation de vouloir faire pour l’autre.
Il y a toujours tapi, quelque part en moi, un petit personnage insistant qui croit que son existence et sa reconnaissance sont liées à ce qu’il fait et qu’il a le devoir de tirer l’autre de là où il est, de le guérir.
Il est là, ce petit personnage, en particulier quand la situation difficile de la personne que j’accompagne me fait me sentir impuissante. Et vous savez comme c’est inconfortable de se sentir impuissant ! Mon petit personnage tente alors de venir à mon secours : » Pour ne plus te sentir impuissante, il faut que tu aides l’autre à tout prix, il faut que tu le sauves ! »
C’est tellement séduisant de lui donner raison à ce personnage. C’est tellement séduisant de l’écouter et de le suivre. Grâce à lui, au lieu de me sentir impuissante je pourrais me croire toute-puissante !
Etre avec et laisser faire
C’est là que j’ai besoin d’avoir à mon côté une autre voix, plus profonde, plus tranquille. Qui me rappelle que c’est quand je me sens impuissante et que je n’ai pas d’autre ressource que d’être là, telle que je suis, que j’offre le meilleur soutien.
Je ne peux rien d’autre qu’accueillir ce qui est là, soutenir le désir de l’autre par mon propre désir, soutenir sa vitalité par ma vitalité, prendre soin par tout mon être de ce qui est en train de se passer pour lui ou elle et laisser faire la vie …
A dire vrai, cette tension entre la tentation de faire pour l’autre et l’invitation à être et laisser faire ne concerne pas que mon métier d’art-thérapeute ! Elle se présente dans tout ce qui est ma vie en relation. Et elle m’invite à l’attention.
Et pour vous, ça se passe comment ? Qu’est-ce qui vous fait exister ? Connaissez-vous cette tension ? Sur quoi avez-vous à porter votre attention ?
2 thoughts on “Qu’est-ce qui me fait exister ?”
Caroline SIMON
Bonjour Isabelle,
Comme c’est juste !!! Je te lis toujours avec délectation, même si cela vient titiller des choses pas toujours en place. Je crois que c’est un long processus intérieur d’arriver à être à la juste place. Comme toi, je m’y emploie du mieux que je peux, note des avancements (youpi ! ) et parfois, me laisse attraper par l’envie d’aider l’autre malgré lui. En général, la vie ne me rate pas dans ce cas et oblige gentiment à recaler, même subtilement. Cet apprentissage est un long chemin passionnant mais exigeant 😉 Savoir se taire, ne pas faire, ne pas y être ou faire à la place de l’autre, attendre une demande clairement exprimée… Pour ma part, mon baromètre est la quantité d’énergie dont je dispose et qu’il me reste quand je suis en lien. Si je suis fatiguée, c’est qu’il y a déséquilibre. Or, cette énergie, j’en ai besoin pour faire tout plein d’autres choses qui me passionnent. C’est un garde fou très équilibrant qui veille en moi à ne pas tout dépenser dans la relation d’aide. Je t’embrasse et merci pour tes partages authentiques.
Isabelle Reboul
AuteurMerci Caroline pour ton écho à mon texte. Je partage avec toi le baromètre de l’énergie et de la fatigue pour savoir si je suis bien située ! La vie est une « pratique » perpétuelle 😀