Moins jeter

La métropole Grenoble-Alpes a lancé un défi  de février à juin derniers : « Moins jeter ». Ce défi consistant à réduire d’au moins 7% la quantité de leurs déchets en 4 mois a été relevé par 6 équipes (151 personnes). Et au bout de ces 4 mois, c’est une moyenne de 45 % de réduction qui a été réalisée.

Si je vous parle de cette expérience c’est parce que je la trouve pleine d’espérance pour notre planète et que je rêve qu’elle donne envie à chacun d’entre nous de se pencher de façon à la fois sérieuse et ludique sur sa poubelle ! Mais c’est aussi parce qu’elle évoque pour moi trois mots importants non seulement pour notre poubelle mais aussi pour notre vie. Les mots changer, transformer et métamorphoser. Présentés comme des synonymes par le dictionnaire, il me semble pourtant offrir chacun des nuances particulières.

Quand je change …

… je remplace une chose par une autre. Mon pneu est vieux et abimé, je le change contre un pneu neuf. Les personnes qui ont vécu le défi « moins jeter » ne se sont pas remplacées par d’autres personnes plus comme ceci ou moins comme cela. Elles ont changé quelque chose en elles et on dirait bien que c’est leur regard qui les a amené à remplacer une façon d’agir par une autre.

Quand je transforme …

…j’utilise l’existant pour en faire autre chose. Je prends dans mes placards des œufs, de la farine et du lait et je les transforme en pâte à crêpes. Dans l’expérience citée, une bonne part de la réduction des déchets est venue de la pratique du compostage. Dans le compostage, on prend ce qui existe (des feuilles de salades, des épluchures de pommes de terre etc …) et on en fait du compost qui va venir engraisser la terre et nourrir les plantations futures.

Quand je métamorphose …

… je fais la même chose que quand je transforme mais, dans la langue française, la métamorphose est associée à une idée de valeur : le vilain petit canard se métamorphose en cygne, la vieille baraque se métamorphose en nid douillet et, dans l’alchimie, le vil plomb se métamorphose en noble or … Dans l’expérience « moins jeter », je verrais la métamorphose dans le fait que des gens ordinaires, comme vous et moi, qui doutaient de pouvoir aller aussi loin, puissent se réjouir de constater que finalement c’est la somme de petites actions pas compliquées du tout qui leur a permis de dépasser, et de beaucoup, les limites qu’ils s’étaient fixées au début !

Maintenant, jouons à un jeu :

Penchons-nous chacun sur notre boîte à déchets intérieure avec bienveillance et lucidité : qu’y voyons-nous ? De quelles parts de nos vies voudrions-nous nous débarrasser ? Souvenirs qui me font souffrir, situations dans lesquelles je me sens mal, échecs que je n’accepte pas, défauts qui m’irritent, moi tout entière peut-être, les jours où mon estime de moi est si basse que je me considère comme bonne à rien, bonne à jeter … Inscrivons-nous maintenant au défi « Moins jeter » et voyons ce qui se passe : Est-ce que je peux changer mon regard et partant, mes façons d’agir ? Est-ce que je peux transformer des comportements ou des pensées que je trouve vieux, dépassés, en comportements et pensées neufs (souvent en acceptant de passer par un temps de compostage !) ? Est-ce que je peux métamorphoser ce qui me plombe en or ? Et si je découvrais, finalement, que tout cela, c’est beaucoup plus simple que je ne le croyais ? Si je découvrais que, finalement, un pas après l’autre, je peux aller beaucoup plus loin que je ne l’imaginais dans la possibilité de moins me jeter et de plus m’apprécier ? Ce serait bon pour ma poubelle … et sans doute aussi pour la planète !